Le coaching joue désormais un rôle de première importance dans l’entreprise en accompagnant les restructurations et en gérant des conflits. Les explications de Jérôme Curnier, auteur du livre « Coaching Global ».
Article paru dans Les Echos - JULIE LE BOLZER | LE 25/02/2016
Plus de 250 thèses de doctorat ont été consacrées au coaching dans le monde. « Cela illustre combien le coaching a gagné en crédibilité et a définitivement acquis ses lettres de noblesse », estime Jérôme Curnier, coach, enseignant, superviseur et auteur d’une collection sur le coaching (*). Cette pratique se diffuse de plus en plus dans les entreprises, toutes tailles et secteurs confondus, et auprès de populations de collaborateurs de plus en plus variées. « Jusqu’alors, il concernait essentiellement dirigeants et top managers ; depuis quelques années, il s’étend aux managers intermédiaires », pointe Jérôme Curnier qui dresse pour nous le portrait du « coach version 2016 ».
L’une des missions principales du coach reste le développement du leadership et du management post-moderne 2.0. « Non seulement le manager doit savoir faire-faire, mais il importe aujourd’hui qu’il sache inspirer alors même que la société se désenchante. Pour cela, le manager doit susciter la coopération au sein de ses équipes. Un des enjeux pour l’entreprise est aujourd’hui d’adjoindre au contrat de travail du collaborateur un véritable contrat de coopération, le premier concernant l’individu, le second le collectif. Pour cela, le coach a un rôle privilégié à jouer : celui de faire travailler à la mise en cohérence des modes de travail et au développement de la cohésion », explique Jérôme Curnier.
Autre réalité du monde économique en pleine mutation : nombre de grandes organisations se restructurent. « L’ambiance est à la réorganisation massive... et il y a beaucoup de casse : PSE répétitifs, branches d’activités qui disparaissent, métiers qui évoluent... Ainsi, de plus en plus d’entreprises sollicitent le coach pour accompagner les processus de changement et de deuil, au travers de groupes de parole par exemple. Ces groupes (dont la réflexion peuvent porter sur le co-développement, l’analyse de la pratique managériale...) constituent d’ailleurs de nouvelles modalités pour développer et raffermir l’intelligence collective alors que les environnements deviennent structurellement mouvants ». Telle est la teneur essentielle de l’ouvrage de Jérôme Curnier, qui présente les modalités opérationnelles de tels groupes de paroles.
Du fait de ces changements importants, les collaborateurs sont sollicités comme jamais auparavant, les obligeant à développer agilité et flexibilité. « La spécificité du coach, c’est qu’il s’engage auprès d’eux dans ces transformations de façon opérationnelle et impliquée. Car le coaching n’est pas seulement un métier qui se pratique, il exige une posture du praticien qui témoigne de sa propre transformation. Autrement dit, s’il arrive au consultant de prescrire le changement comme de l’extérieur, le coach, quant à lui, accepte de se l’appliquer à lui-même avant que de l’accompagner. C’est cela aussi qui assure sa crédibilité ».
L’une des difficultés rencontrées, c’est que le changement préconisé par les comités de direction ne s’applique pas à ceux qui le prescrivent. « Il reste donc un travail important de vulgarisation à mener auprès des dirigeants afin que les coachs soient sollicités en amont des situations d’urgence voire de rupture », pointe Jérôme Curnier citant Jean Monnet (l’un des fondateurs de l’Union Européenne) : « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. Malheureusement, ils ne comprennent la crise que dans la douleur ! ». Que les entreprises travaillent en avance de phase avec des coachs permettrait sans doute d’éviter une partie de cette souffrance.
(*) « Coaching Global, accompagner les enjeux d’un monde en mutation » - Tome 1, novembre 2015. A paraître en septembre 2016 : Tome 2 - « Coaching Global, coacher managers, dirigeants et équipes en entreprise » (Editions Afnor)