La Mission Interministérielle de LUtte contre les DErives Sectaires, en France, a publié son rapport annuel le 18 mai dernier.
Ce rapport est destiné à rendre compte du travail de veille réalisé par les acteurs de la commission, présenter les moyens de lutte et de prévention mis en place, et de donner quelques conseils pratiques (à qui s'adresser, ...) en cas de suspicion de dérive sectaire.
Volontairement, la Miviludes ne liste pas de "sectes", rappelant les principes de la république française qui sépare Eglise et Etat, mais exerce plutôt une fonction d'alerte sur les "dérives sectaires", caractérisées de façon résumée comme une recherche "d'emprise mentale" sur autrui, avec les conséquences que cela implique sur l'intégrité physique et mentale des personnes qui peuvent la subir.
Le rapport compare différents pays sur le terrain de la lutte contre les dérives sectaires. La Belgique dispose depuis 1999 d'un centre public fédéral (CIANOSN) d'information et d'aide aux victimes. Elle dispose également de nombreuses structures privées.
La Suisse, quant à elle, a longtemps été réticente à exercer un contrôle sur les sectes. Les structures privées y sont aussi nombreuses que dans les autres pays. Sur le plan public, ce sont en principe les cantons qui peuvent agir, mais l'autorité fédérale exerce de plus en plus un rôle de coordination des différentes actions qui sont menées.
Cette année, le rapport alerte sur les "tendances" actuelles en matière de dérive sectaire : notamment le satanisme, qui sévit sur toute l'Europe, et le poids d'internet par la facilité de diffusion des idées et de mise en contact et la séduction des accroches utilisées.
Mais le rapport 2008 retient toute notre attention sur 2 aspects importants :
1/ la formation professionnelle
Des dérives sectaires sont pointées dans ce domaine : la formation serait un point d'entrée pour certaines sectes. Le phénomène n'est pas nouveau en soi. Ce qui est plus nouveau, c'est le développement des formations visant l'acquisition de compétences comportementales, et depuis peu celles relevant du domaine de la santé, du bien être.... C'est sur ce créneau que les dérives sectaires sont les plus évidentes. Comment garantir le lien entre les compétences comportementales visées et le champ professionnel ? Comment mieux cerner ces actions aux contours souvent flous, et aux méthodes d'acquisition non éprouvées voire risquées sur un plan psychique ? Telles sont les questions principales posées par la commission Miviludes et la Délégation Générale à l'Emploi et la formation Professionnelle. Une éniemme réforme est en cours pour mieux encadrer les actions de formation et les organismes qui les dispensent, en révisant notamment le processus d'achat.
2/ le risque santé
Le rapport fait un zoom particulier cette année sur le dévoiement de certaines pratiques psychothérapeutiques à des fins sectaires. Le risque sectaire en ce domaine est lié à plusieurs phénomènes selon le rapport : la multiplication des approches psychothérapeutiques ; une hausse rapide de la demande d'accompagnement "psy" ; l'absence d'encadrement du titre de psychothérapeute (les lois en cours changeront en partie la donne prochainement en France) ; l'absence d'évaluation des méthodes et pratiques. La commission relève la multiplication des indications thérapeutiques et de l'origine des demandes, ainsi que de leur public. Dans les indications, celles-là sont classées dans le rapport en 3 catégories :
"des indications :
- thérapeutiques dans la prise en charge du dysfonctionnement psychique et de la souffrance mentale,
- d'accompagnement individuel (personnel, professionnel, scolaire, familial...),
- de contribution à la résolution de crises diverses dans le monde du travail, dans le champ social... "
Enfin, il est important de souligner que le "coaching" est cité 4 fois sur les 200 pages que comporte le rapport.
En quoi particulièrement sommes-nous concernés ?
Plus que jamais, il est important de faire connaître et valoir les spécificités de notre métier de coach auprès des pouvoirs publics, et les aider dans cette lutte contre les dérives sectaires, comme notre fédération l'a déjà fait du reste (cf travaux menés avec la Miviludes en 2004). Cette collaboration peut être non seulement utile à la Miviludes, mais aussi pour les réflexions menées au sein de la Fédération Francophone des Coachs Professionnels. Des contacts sont en cours. Nous reviendrons sur ce thème lorsque les rencontres auront abouti...
Les coachs professionnels sont concernés par la formation et la réforme annoncée dans le rapport, parce que nombreuses sont les interventions de coaching qui sont financées sur les budgets formation des entreprises.
Enfin, concernant les catégories relevées par la Miviludes pour les pratiques psychothérapeutiques, le moins que l'on puisse dire est que sur les catégories 2 et 3 (voir plus haut dans l'article les catégories), la différence est très ténue entre psychothérapie et coaching... D'où l'importance d'un travail étroit avec les pouvoirs publics...
Les adhérents peuvent télécharger le rapport de la Miviludes dans l'espace Adhérents (rubrique Documents).