Une conférence était animée le 07 mai dernier sur le thème "Identité et positionnement du coach". Cette conférence, réservée aux adhérents de la Fédération Francophone des Coachs Professionnels, était animée par Anne Beauvillard, Vice-Présidente de la FFC Pro.
Les thèmes suivants ont été abordés :
- les notions "d'identité de rôle" et "d'identité intégrée"
- en quoi ces notions peuvent-elles être intéressantes à visiter pour le positionnement du coach ?
- peuvent-elles éclairer notre positionnement commercial et nous permettre de l'aborder avec sérénité ?
- et d'une manière plus générale, avons-nous un positionnement de "passagers clandestins" ?
Rencontre avec Anne Beauvillard,
qui nous livre quelques éléments clés de cette conférence
Question : Tu as déjà animé un atelier sur ce thème lors de la réunion Ilde de France le 07 mars dernier. Qu’est-ce qui a déclenché ta décision d’animer un atelier puis une conférence sur l’identité et la posture du coach ?
Anne Beauvillard : De nombreux coachs expriment la difficulté d'aborder sereinement la « fonction commerciale » de leur activité, ainsi que leur positionnement : une activité pas toujours lisible, visible ou pour certains difficile à assumer.
Bien sûr, pour moi aussi cela a été difficile et je me suis rendue compte que j’avais passé plusieurs étapes avant de pouvoir être sereine dans ma démarche commerciale, sereine dans mon positionnement professionnel et identitaire.
J’ai pris le temps de refaire ce chemin pour identifier quelles belles rencontres m’avaient permis ces avancées… !
Q : Pourrais-tu nous expliquer en quoi consiste ce cheminement, ses principes ?
AB : J’ai identifié « des déclics » et des connexions ou liens que j’ai faits. Le premier déclic est sans aucun doute une phrase bien connue par un certain nombre d’entres nous et citée par Alain Cayrol : « Mieux vaut se définir que se défendre". Chez moi, elle a pris toute sa dimension quand je l’ai traduite par : « Me définir par rapport à moi-même pour mieux me définir à l’autre ».
"Me définir par rapport à moi-même
pour mieux me définir à l'autre"
Le plus souvent, nous faisons le contraire : Me définir par rapport à l’autre puis me définir à moi-même.
Et là, cela devient compliqué car ce qui convient à l’autre ne me convient pas forcément et en plus en terme de « commerce », le raccourci est vite pris pour transformer cette phrase en : « Je me définis par rapport au marché ». Or, en travaillant sur le livre ‘Agir en Coach’ et sur la certification, le groupe de travail a défendu l’idée quece n’est pas le marché qui fait le coach...
Vous voyez peut être là la première brique et le premier lien...
"Ce n'est pas le marché qui fait le coach"
Cet élément s’est croisé, un peu en amont chronologiquement, avec une formation que j’ai suivie avec Paul Pyronnet à Cohésion International.
Et là, 3 jours de formation à Cohésion et deux jours sur la commercialisation de Cohésion….et là, je découvre l’idée selon laquelle le coach professionnel est professionnel dans sa pratique et pas par rapport au marché sur lequel il intervient. Le coach professionnel se concentre sur la professionnalisation de son métier, de ses pratiques, et il est de fait adaptable à tous les marchés.
Les marchés sur lesquels je n’irai pas, c’est parce que je ferai ce choix : soit parce que je ne le veux pas, soit parce que j’estime que je n’en ai pas la capacité. Je me définis par moi-même et quand je vais voir un client je n’ai rien à lui vendre ; j’attends qu’il m’achète.
P : peux-tu expliciter le lien que tu fais entre le marché et l’idée d’attendre que le client achète ?
AB : je n’essaie pas de réfléchir à ce que je pourrais lui vendre. J’essaie d’être au plus près de mon professionnalisme, qui me sert à aborder mon client. Je le questionne sur ses objectifs et ses motivations, et pas en venant lui vendre une prestation.
P : tu veux dire que tu appliques en prospection la même démarche que tu aurais lors d’un premier rendez-vous avec un coaché. Donc il te voit déjà à l’œuvre et c’est cela qu’il achète.
AB : oui, c’est exactement cela.
Q : Des éléments théoriques sont-ils venus en support de ce chemin ?
AB : J’avais par ailleurs, depuis le départ flashé sur les niveaux logiques de Dilts et sur le modèle d’Hudson (je ne sais pas si tout le monde connait ou a entendu parler d’Hudson et du modèle).
Ils parlent tous les deux « d’identité » et nous savons toutes et tous à quel point ce terme est important. L’un parle d’identité et l’autre fait une distinction entre identité de rôle et identité intégrée. De plus, je découvre par une subtilité linguistique que de fait nous confondons souvent le niveau identité (être) et le niveau capacité (faire), tout simplement parce que notre langue nous amène à dire je suis coach (et du coup je superpose l’être et le faire, l’homme et la situation). Si je suis italienne, dans cette langue je dirais je fais coach et je suis Anne. Ce qui change tout…….surtout si on rapproche cela de la distinction entre identité intégrée (mon être profond, je suis…) et identité de rôle (contextuel).
"Par une subtilité linguistique,
nous confondons souvent le niveau identité (être)
et le niveau capacité (faire). (...)
Je fais coach et je suis Anne"
Cette nouvelle brique est venue renforcer ma détermination à travailler sur moi-même et mon développement personnel et donc jusqu’où me suis-je fais accompagner ou auto accompagner sur ces sujets ? Question qui se pose et se posera à l’infini……d’après moi, bien sûr.
"J'accompagne une personne jusqu'où je suis allée moi-même"
Q : Que t’ont apportées cette réflexion, ces différentes étapes, dans ton positionnement ?
AB : J’ai du même coup résolu définitivement mon positionnement de coach, ma compréhension de mon identité intégrée (mon authenticité, mon alignement...) sur laquelle je m’appuie pour aborder mon coaché, mon prospect, mon client... très à l’aise dans mes identités de rôles.
"Mon identité intégrée et mes identités de rôles"
P : Anne, tu as dit tout à l’heure que si tu n’interviens pas sur un marché, c’est parce que tu ne le veux pas ou que tu estimes ne pas en avoir la capacité. Peut-on dire que dans le premier cas c’est ton identité intégrée qui parle, et dans le second ton identité de rôle ?
AB : oui c’est tout à fait ça. Aujourd’hui je n’ai plus d’idée pré-conçue sur les secteurs dans lesquels j’interviens, qui sont très variés. Lorsque je me dis que je n’en ai pas la capacité, j’y travaille !
Q : Pourrais-tu expliciter la notion de « passager clandestin », qui t’es chère ?
AB : Parfois, certains coachs préfèrent prendre un costume autre que celui du coach, principalement en entreprise, se disant que « çà passera mieux », et la notion de « passager clandestin » s’est imposée…. Ai-je envie d’être un passager clandestin ? Voilà la question qu'il me semble essentiel de se poser. Si la réponse est non, peut être que ces quelques notions peuvent ouvrir des fenêtres de réflexion
Pour résumer...
Une phrase clé : "Me définir par rapport à moi-même pour mieux me définir à l’autre"
Des points d’appuis : Dilts, Hudson, le regard approfondi sur l’objectif.
Un comportement : Réflexion et développement personnel.
Cette conférence était réservée aux adhérents, qui peuvent en trouver le support texte en intégralité et le support en format audio (écoutable en ligne et/ou téléchargeable) dans l'espace adhérent du site www.ffcpro.org.