Conférencier : Mathilde Bertrand, Présidente de la FFC Pro et Coach certifiée AFAQ/AFNOR selon la norme ISO 17024 / 2003
Co-animateur : Philippe Takacs, Responsable FFC Pro pour la région France/Sud Rhône Alpes, Coach certifié AFAQ/AFNOR selon la norme ISO 17024
Points clés de la conférence :
Qu’est-ce qu’une certification de compétences ?
Il existe diffrentes familles de certifications : les certifications de process (ex : ISO 9001), les certifications de produits (ex : norme NF), et depuis 2003 les certifications de compétences. En France, elle existe à ce jour pour 24 métiers très différents (diagnostiqueur immobilier, formateur en radioprotection...).
La certification de compétences s’appuie sur la norme internationale ISO 17024. C’est une certification qui concerne les compétences individuelles et professionnelles, la reconnaissance d’une pratique. A ce titre, elle n’est pas acquise définitivement comme un diplôme, mais est acquise pour une période définie, et renouvelable (notion de « cycle »). L'AFAQ AFNOR est un organisme habilité à délivrer des certifications.
En ce qui concerne la certification du métier de coach, c’est une certification volontaire ; elle n’a pas de caractère obligatoire pour exercer, en France ou ailleurs puisque le métier de coach n’est (pour l’instant) pas réglementé.
Quelles différences entre cette certification et d'autres qui existent par ailleurs ?
Les fédérations de coaching (y compris la nôtre) ont restreint l'adhésion aux seuls coachs professionnels. En soi, l'adhésion à une fédération est un label.
Les autres fédérations (particulièrement ICF et SFCoach) ont mis en place des niveaux d'habilitation internes, reconnus par elles-mêmes. La FFC Pro n'a pas voulu s'orienter dans cette voie pour éviter toute notion de hiérarchie interne et tout conflit d'intérêts... C'est un facteur de convivialité important.
Le SYNTEC, organisme de branche des cabinets de conseil, délivre une certification pour les cabinets en "évolution professionnelle" adhérents : c'est une certification délivrée pour un cabinet et non pour un coach. C'est donc surtout l'engagement à respecter un cahier des charges.
Certaines écoles de coaching ont mis en place une certification, délivrée non systématiquement au coach à l'issue de la formation, sur dossier et après passage devant un jury composé d'enseignants mais aussi de coachs extérieurs à l'école. Leur processus de certification peut être aussi sérieux, voire plus encore que celui de l'AFAQ/AFNOR.
Dans tous les cas, ces certifications posent la question de leur reconnaissance.
La FFC Pro, soucieuse de faire reconnaître toujours mieux le métier de coach, a été à l'initiative de la mise en place de la certification AFAQ/AFNOR, opérationnelle depuis avril 2007. Afaq Compétences est une marque, un label, délivré par Afor Certifications (les 2 organismes s'étant regroupés). Même si l'Afnor est surtout connue en France, la référence à la norme ISO 17024 est internationale. Elle présente l'avantage d'être extérieure à toute école ou fédération.
A qui s'adresse-t-elle ?
Cette certification s'adresse à tout coach en exercice, ayant déjà une pratique avérée.
En quoi consiste la certification de compétences du métier de coach ?
La certification initiale s’établit sur dossier + un entretien de 1heure ½ avec un jury composé de 2 coachs. Lorsque la certification est obtenue, elle est valable 3 ans, avec une phase de maintien à 18 mois. Au bout de 18 mois, une phase dite de « maintien » prévoit la transmission à l’AFAQ d’éléments prouvant le maintien de l’exercice du métier et d’actions d’amélioration des compétences professionnelles. Cette étape est purement documentaire.
A l’issue des 3 ans (fin du cycle), la certification doit être repassée.
En quoi consiste le dossier ?
Le dossier à compléter comporte des informations déclaratives portant principalement :
- sur la pratique (personnes coachées, durée, …),
- sur la formation initiale et continue,
- sur l’expérience professionnelle.
Ces informations doivent être accompagnées des certificats de travail, copie des diplômes obtenus... et de trois contrats de coaching dont on peut masquer bien sûr le nom du client.
Le dossier comporte également le descriptif (1 ou 2 pages) d'une mission de coaching réalisée.
En outre, le dossier comporte un code de déontologie à signer. Etabli par l’AFAQ, et ses différents items correspondent largement à ceux déjà présents dans les codes de déontologie des différentes fédérations (et particulièrement celui de la FFC Pro).
C'est à réception du dossier que notre demande de passation de la certification est prise en compte, que le "process" démarre. Aussi, si nous sommes seul à envoyer son dossier un mois donné, il peut se passer un certain temps avant qu'une date nous soit proposée pour l'entretien. Le jury est réuni pour 5 coachs par journée environ.
Le dossier est étudié par l’AFAQ ; si les éléments satisfont aux pré-requis, l’entretien avec le jury est organisé. L’AFAQ peut procéder à des contrôles portant sur les éléments fournis dans le dossier ; il peut également demander des compléments d’information au candidat.
Quels sont les pré-requis ?
- une formation initiale de niveau II ou équivalent (selon la nomenclature de l’Education Nationale, maintenant harmonisée avec l’Europe) ;
- une formation en sciences humaines ou sciences sociales pour une durée minimale de 200h, qu’elle ait été suivie dans le cadre de la formation initiale ou dans le cadre de la formation continue (incluant la formation au coaching) ;
- une expérience professionnelle de 5 ans au total quelque soit cette expérience dont au moins 2 ans dans une activité de management d’équipe ou de projet, de direction, de conseil, de formation, ou d’accompagnement ;
- une pratique réelle du coaching, qui doit être d’au moins 150h dans les 18 derniers mois.
Toute particularité est étudiée au cas par cas au moment de l’examen du dossier par l’AFAQ.
En quoi consiste l’entretien ?
L’entretien se déroule en 3 temps :
- le coach se présente et présente sa pratique
- il est ensuite interrogé sur différents aspects : la déontologie, la mission de coaching décrite dans le dossier, et tout autre élément relatif au dossier ou à la pratique du coach.
- une mise en situation (une demi-heure environ) : l'un des coachs du jury apporte un cas et est le coaché ; l'autre membre du jury est observateur.
Le coach sort ensuite pour permettre au jury de l'évaluer. Les membres du jury disposent d’une grille d’évaluation comportant 30 items, standardisée et identique pour tous les candidats, que chacun complète.
Un retour est ensuite fait au coach sur les différents items d'évaluation, et le jury prononce alors un avis, favorable ou défavorable, pour l’obtention de la certification.
La durée globale est d'une heure 30 environ.
La certification par ceux qui l'ont vécue...
(témoignage de Philippe Takacs)
La constitution du dossier permet déjà de prendre du recul, de revisiter son parcours, pourquoi on est arrivé au coaching. Et décrire et synthétiser un cas de coaching qui a fonctionné encore plus. A ce stade, pour moi, la recevabilité de mon dossier était un premier challenge.
Cela a été un exercice de style extraordinaire ; j'ai eu l'impression de redevenir un étudiant, et je crois qu'en tant que coach on est constamment en train de se remettre en question et d'essayer de s'améliorer au quotidien. Ce que j'ai trouvé génial dans cette certification, c'est la transparence totale qu'il a fallu que je fasse sur mon métier.
Lors de la première partie de l'entretien, on m'a demandé, à partir du cas que j'avais indiqué dans mon dossier, pourquoi cela avait fonctionné, comment cela avait fonctionné, et quelle était la boite à outils que j'avais utilisée pour permettre au coaché d'aller vers son état désiré. Pour moi cela a été très enrichissant, car c'était un retour sur ce que j'avais fait, avec une prise de recul encore plus importante et j'ai vraiment trouvé cela super.
Et la deuxième aprtie (la mise en situation), je trouve qu'elle est très crédible, dans le sens où on fait un coaching en direct et cela permet de voir dans la posture du coach, quels sont ses outils, quelle est sa maturité, quelle est sa réflexion, et c'est un travail en direct qui est là encore très enrichissant, et sur un temps très court qui nous oblige à être très focalisé "résultat", ce pourquoi on est payé par nos clients, entreprises ou particuliers.
Le retour que nous font les deux membres du jury est très intéressant car ils font un feed-back de chaque critère, et là tu retrouves tes axes forts en tant que coach, et puis les axes que tu ne veux pas forcément voir, qui sont tes axes d'amélioration. Pour ma part, j'ai eu 3 axes d'amélioration qui m'ont permis de grandir dans ma posture de coach et j'ai trouvé ça super.
Combien coûte la certification ?
La certification initiale coûte 940€, ramené à 850€ pour les coachs adhérents à la FFC Pro. Ce prix peut paraître élevé, mais si on considère que le coach n'a pas à investir dans du matériel, qu'il ne gère pas de stock etc, contrairement à d'autres métiers, et que cela représente globalement 50€ par mois, ce n'est pas si élevé que cela...
Quels sont les avantages à être certifié ?
Si on exerce auprès d'entreprises, particulièrement du secteur industriel, la certification en général est leur référence culturelle. Les clients sont donc très réceptifs à la notion de certification ISO. Elle évoque instinctivement pour eux la crédibilité, l'expertise. Cela valorise notre parcours. Cette certification permet en quelque sorte un raccourci, qui évite d'entrer dans la justification a priori de sa légitimité. Commercialement parlant, Philippe Takacs explique que la semaine dernière, l'obtention d'un contrat a été obtenu largement sur la base de sa certification. Mais la certification de Philippe et Mathilde est encore trop récente pour en mesurer déjà les retombées. En revanche, Christian Barou (resp FFC Pro Ile de France), certifié depuis mi-2007, estime que la certification est un plus qui lui a permis plusieurs fois d'obtenir des marchés qu'il n'aurait peut-être pas eus autrement.
Si on exerce auprès de particuliers ou d'entreprise évoluant dans des secteurs peut concernés pas ce jour par les normes ISO, cet avantage commercial est faible.
Par contre, dans tous les cas, on peut y voir un bénéfice secondaire : en se sentant plus légitime, on peut gagner en confiance et par là faire plus facilement valoir ses compétences professionnelles. C'est un effet induit de la certification.