Fiche de lecture de l'ouvrage de Patrice Van EERSEL, réalisée par Pascale FLEURY
Edité chez Albin Michel
Notre cerveau est encore plus fabuleux qu’on le croyait : il est totalement élastique ! Même âgé, handicapé, partiellement amputé, le système nerveux central peut se reconstituer. Il est aussi totalement social, il donne sa pleine mesure en entrant en résonnance avec d’autres : nous sommes constitués pour entrer en empathie avec autrui. Ce livre va aborder ces questions passionnantes avec 5 angles de vue différents, avec 5 médecins et chercheurs.
- Boris CYRULNIK, neuropsychiatre et éthologue, promoteur du concept de résilience, nous explique que toute relation affective forte modifie matériellement notre cerveau.
- Pierre BUSTANY, chercheur à l’Université de Caen, spécialiste de l’imagerie du cerveau nous parle des neurones miroirs.
- Jean-Michel OUGHOURLIAN, psychiatre à l’Hôpital Américain de Neuilly et professeur de psychologie à La Sorbonne, nous présente le concept du mimétisme.
- Christophe ANDRE, psychiatre, spécialiste des thérapies cognitives et des effets de la méditation aborde la vision neuro-spirituelle du cerveau.
- Enfin, Thierry JANSEN, chirurgien devenu psychothérapeute, nous développe le concept de neuroplasticité dans notre quotidien.
1 - Notre cerveau est plastique
Nos neurones se remodèlent et se reconnectent jusqu’à la fin de notre vie. On a la preuve aujourd’hui que presque n’importe quelle zone du cerveau est modelable, au prix d’efforts certes puissants mais accessibles. Ainsi, les zones corticales spécialisées dans une fonction sensorielle (toucher, vision, …) ou motrice peuvent se remplacer les unes les autres. Certaines personnes fonctionnent par exemple avec un demi cerveau !
Les étudiants apprennent la triple plasticité du système nerveux . En peu de temps, sous l’influence d’émotions, d’images, de pensées, d’actions diverses peuvent se produire plusieurs phénomènes : 1/de nouveaux neurones peuvent naître dans notre cerveau .2/nos neurones peuvent se développer (X10 ! ) et multiplier leurs synapses ou au contraire se ratatiner. 3/nos réseaux de neurones peuvent même remplacer un sens par un autre (la vue par le toucher par ex). Enfin, l’ensemble de notre cerveau peut entièrement se réorganiser suite à un accident par exemple.
Jusque dans les années 70, cette notion de plasticité neuronale était taboue chez les neurologues et psychiatres. On peut donc garder un esprit élastique jusqu’à notre mort, si nous cultivons 2 aspects : notre gout pour la nouveauté et notre capacité à l’empathie.
Au départ une incroyable histoire, celle des frères BACH Y RITA aux USA. En 1959, le père, poète érudit, se retrouve paralysé suite à un AVC / diagnostic lapidaire : ses jours sont comptés et il restera hémiplégique. Son fils ainé, jeune psychiatre refuse de croire son père fichu. Intuition, folie…il va considérer son père comme un nouveau-né. Il va mettre le vieux monsieur à plat ventre dans le jardin, le faire ramper à 4 pattes sous les yeux horrifiés des voisins. Au bout d’un an d’exercices quotidiens acharnés, son père jouera du piano, dansera et redonnera des cours à la faculté. Personne n’y comprend rien. Le fils cadet qui revient de longs voyages, parle pour la première fois de neuroplasticité. C’est un génie, médecin, psychopharmacologue, qui a vécu dans 10 pays, parle 6 langues, qui se met à l’ingénierie biomédicale et à la neurophysiologie de l’œil. Quand son père meut 6 ans après, de sa belle mort, il fait autopsier son cerveau : 97% des nerfs reliant son cortex cérébral à sa colonne vertébrale avaient été détruits par l’AVC. Il avait donc vécu avec seulement 3% de connexions, qui ont été fortement développées pendant sa rééducation, ce qui était impossible en théorie à l’époque. Ses premiers articles datent de 1967, mais il ne sera pris au sérieux qu’après 1990 ! Ainsi, il a détourné quelques nerfs de la langue pour redonner vie à des parties mortes du visage de certains accidentés…avec bien sur une volonté de fer des patients pour des exercices quotidiens pendant des mois ou des années. L’adaptabilité de notre système nerveux dépasse l’entendement.
Autre défricheur américain de génie, MERZENICH, qui suit les travaux de HUBEL et WIESEL prix Nobel de médecine, prouvant que la spécialisation du cerveau n’est pas 100% prédéterminée génétiquement, et que tout se joue dans les premiers mois de la vie. Ainsi un nouveau-né à qui on banderait les yeux pendant un an ne verrait jamais. La fonctionnalité cervicale se développe dans l’action. MEZERNICH découvre que nos aires cérébrales changent en quelques mois, quelques semaines, voire quelques jours. Il va mathématiser une loi fondamentale du processus « le temps sensoriel engendre de l’espace neuronal ! » . Ainsi, si avec votre pouce, vous sentez systématiquement, dans l’ordre temporel, votre index, puis votre majeur, puis votre annulaire, les neurones correspondant à l’index, au majeur et à l’annulaire se rangeront spatialement dans cet ordre-là à l’intérieur de votre cerveau. Une logique globale règne sur l’ensemble. Il va donc parler de plasticité en neurologie et développer la méthode « Fast for Words » pour personnes en difficulté (enfants avec déficiences verbales et mentales et seniors souffrant de maladies dégénératives) . En suivant des exercices audiovisuels, d’abord très lents, puis de plus en plus rapides, des milliers de personnes mettront leur plasticité neuronale au service d’une rééducation et d’une guérison inespérée. Il prodigue des conseils simples : toujours apprendre, se méfier de la pollution sonore, ne pas se décourager de la lenteur de la rééducation, comprendre que les médicaments aident mais ne remplacent pas l’exercice, éviter tension, diabète, cholestérol et tabac, aimer les aliments antioxydants, l’exercice physique, le calme, la gentillesse, le rire et l’empathie !
Mais surtout l’espoir le plus formidable réside dans la découverte de la neurogénèse adulte, à savoir que nos neurones peuvent repousser ! Un équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur, menée par Pierre-Marie LLEDO, a découvert en 2004 que l’olfactif, notre sens le plus archaïque avec le toucher, joue un rôle essentiel dans la reconstitution de nos neurones ! En voulant comprendre pourquoi les odeurs sont si puissamment articulées à nos réminiscences les plus fortes, ils ont suivi la piste de la Ténascine, et découvert que de nouveaux neurones apparaissent en permanence dans le cortex olfactif, d’où ils migrent ensuite vers toutes les autres aires corticales. L’objectif est de contrôler la molécule de ténascine, pour qu’elle expédie les nouveaux neurones vers telle ou telle zone malade.
La neuroplasticité change donc toute notre vision du cerveau. Ainsi, en lisant ou écoutant cet article, vous modifiez vos neurones.. ! Une mutation autocontrôlée de l’être humain est donc neurologiquement possible. Mais elle doit se dérouler sur les plans individuel ET collectif, car nos cerveaux sont fondamentalement bâtis pour être reliés à d’autres. Sans cela, ils ne pourraient même pas s’édifier.
Voyons maintenant comment s’articule cette notion de plasticité neuronale avec la théorie de la résilience de CYRULNIK.
Son concept de résilience dit qu’il est possible de « renaître » après une très grande souffrance traumatique. Ainsi, il affirme que si on donne de l’affection à un enfant abandonné, ses connexions synaptiques pousseront comme des primevères au printemps. Ainsi, dans des orphelinats, des enfants placés en situation d’isolement et de carence affective présentaient des atrophies neuronales sévères. Images à l’appui, après une année passée dans une famille d’accueil, sous l’effet d’une vie normale où on leur parlait, on les touchait, on leur témoignait de l’affection, les cerveaux de la plupart de ces orphelins se modifiaient : leur cortex était « regonflé » ! Cette atrophie des orphelins mis en isolation sensorielle, comme leur résilience ultérieure, sont des preuves de la plasticité neuronale et corticale. Toutefois, le plus important n’est pas que des neurones puissent repousser, mais qu’ils s’interconnectent. Un neurone isolé ne sert à rien. L’intelligence, la sensibilité, l’empathie, toutes les fonctions psychiques dépendent du degré d’interconnection et de vivacité des neurones.
Chez les humains, il y a en gros 4 périodes sensibles :
La première : bouillonnement synaptique des premières années, avec l’intégration du langage. Tout enfant apprend sa langue maternelle en 10 mois : 3.000 mots, la grammaire, l’accent. Incroyablement intense.
La seconde va de la naissance à la mort, chaque fois que l’on connaît des émotions très fortes, agréables ou négatives. L’hyper-émotion suscite une hyper mémoire.
La troisième, dérivée de la deuxième, ne se renouvelle quasiment pas : le premier grand amour, émotion forte s’il en est ! On est totalement imprégné de ce sentiment, et les pistes neuronales correspondantes se gravent de façon profonde et indélébile.
La quatrième période sensible couvre toute l’adolescence, avec ses multiples découvertes, ses bonheurs et ses contrariétés, où l’on assiste à un élagage synaptique, un vrai « resserrage de boulons ».
Contrairement à ce que disent les Media, la plus grande maltraitance n’est pas physique mais liée à une carence affective. Celle-ci fait des ravages. L’enfant n’est pas mal traité, ni agressé. Il est juste seul…
Ce qui amène à parler du cerveau neurosocial. En effet, mon cerveau fonctionne en « wifi ». Si je m’entends bien avec une personne, les mêmes zones vont s’allumer dans nos 2 cerveaux, et idem si nous nous haïssons ! Pour qu’un cerveau, même sain, fonctionne, il lui faut au moins un autre cerveau pour se développer.
En 1996, en Italie, RIZZOLATTI travaille avec des singes, portant des casques à résonnance magnétique. Pause déjeuner, il tend la main droite vers un sandwich : le cerveau du singe qui le regarde fait crépiter le casque. Le chercheur arrête son geste, puis le recommence ; à nouveau crépitement. L’IRM lui montre que le singe, resté immobile, envoie de l’énergie à son cerveau « comme si c’était lui qui levait la main droite pour attraper le sandwich ! Il venait de découvrir le principe des neurones miroirs ! Mais pour cela, il faut que l’objet soit signifiant pour le singe. Une banane, crépitement. Vouloir prendre un stylo, rien.
Ainsi, un enfant seul ne parle pas. Si personne autour de lui ne parle, il ne parlera pas. Le bébé entend des mots, est stimulé par eux, et vers 10 ou 12 mois, il pointera le doigt ers un objet signifiant. C’est le coup linguistique de la désignation. L’enfant ne peut pas ne pas imiter. Vous souriez, il sourit. Il faut donc 2 cerveaux en résonnance pour que l’enfant apprenne à parler. La visualisation est bien connue des sportifs, c’est comme si leur corps s’entraînait. Le pouvoir des mots sur nos réseaux neuronaux est aussi colossal. Seuls, nous avons tendance à ruminer et nous aggravons les processus négatifs. Le fait d’avoir à nous décentrer de nous-mêmes pour communiquer par des mots, donc agir sur le monde d’un autre, fait que la psychothérapie modifie notre maillage neuronal, donc nos pensées, croyances, attitudes et comportements. Quand je me confie, je suis en état de bien-être. Aujourd’hui, l’épigénétique nous dit que même nos gènes ne déterminent que très partiellement ce que nous sommes, car ces gènes s’expriment…ou pas en fonction de leur environnement multifactoriel.
Un enfant a besoin de rituels d’interaction, notamment faits de milliers de mimiques, hochements de tête, regards, intonations de voix qui nous font réagir au centième de seconde pour pouvoir bien se développer. Dans une grande ville, entre le départ de son domicile et son arrivée au travail, s’accumulent près de 400 rituels d’interaction différents. Les rôles sociaux sont extrêmement codés jusqu’au plus petit signe.
Actuellement, le « cyberhumain » ne traite plus ces milliers de micro-signaux infraverbaux envoyés par ses congénères. La diminution des rituels d’interaction émotionnelle inhibe l’empathie, cette aptitude à se décentrer de soi-même pour se représenter le monde de l’autre. La communication s’est donc incroyablement améliorée, mais la coexistence s’est terriblement altérée. D’où peut-être une explication possible de la violence des tout-petits.
2 - Notre cerveau est social
Nos neurones ont besoin d’autrui pour fonctionner car notre cerveau est neurosocial. Nos circuits neuronaux sont faits pour se mettre en phase avec ceux des autres. Nous n’avons donc pas le même cerveau, et donc pas la même vie, selon les relations que nous entretenons avec autrui. Nos neurones ont absolument besoin de la présence physique des autres et d’une mise en résonnance empathique avec eux. Les contacts cybernétiques, virtuels en augmentation croissante, vont donc poser un gros problème.
Nos neurones attrapent les émotions des autres. Au moindre sourire, au moindre affrontement, nous sommes en résonnance. Ainsi, notre cerveau n’est pas le même selon que nous trouvons notre interlocuteur plus ou moins sympathique, drôle, suspect, stupide, dangereux, tonique… Un long baiser amoureux a des effets positifs profonds : baisse du taux de cortisol (indicateur du stress), montée en flèche des anticorps… A l’inverse une dispute conjugale met aussi les protagonistes en phase, avec des effets négatifs tout aussi mesurables. Et si répétition pendant des années, les dommages sont cumulatifs.
Hommes et femmes ne réagissent pas de la même façon aux interactions. Au repos, les neurones des femmes ont tendance à ressasser, ruminer leurs derniers échanges relationnels. Ceux des hommes le font avec beaucoup moins d’énergie et de détails. Le cerveau de la femme est plus « social » que celui de l’homme, et donc plus dépendant de la qualité de la relation. Tout cela fonctionne, entre autres, grâce aux neurones miroirs, découverts, comme on l’a vu par RIZZOLATTI. C’est un mécanisme qui fait que dès la naissance, notre cerveau « mime » les actions qu’il voit accomplir par d’autres, comme si c’était lui qui agissait. Selon le type de relations que nous avons l’habitude de vivre, nos réseaux de neurones ne sont pas structurés de la même façon. Nous avons donc intérêt à développer notre « intelligence relationnelle ».
La voie basse et la voie haute de l’intelligence relationnelle
L’intelligence relationnelle repose sur un processus fulgurant de rapidité. Notre cerveau peut capter, en quelques millièmes de secondes, quantité d’informations simultanées (air sympathique, odeur, aspect, amical ou menaçant…) sur la personne en face de nous. C’est notre mécanisme de survie qui nous le permet, grâce à de grosses cellules nerveuses appelées « neurones en fuseau ». Elles mettent en branle des processus archaïques, qui se déroulent hors de toute conscience, à la vitesse éclair d’un réflexe. Si le rire est le processus de contagion neuronale le plus rapide de tous, le sourire est l’expression que le cerveau humain décrypte le plus vite et avec le plus de nuances. Sans cette rapidité et cette subtilité de décodage de l’autre, l’empathie serait impossible. Cette communication ultrarapide et multiniveaux constitue « la voie basse » de l’intelligence relationnelle. Cette voie basse ne fait pas de compromis, ni de diplomatie. D’où l’importance de notre cerveau civilisé ou « voie haute » qui commence par la réflexion consciente et met en action les structures neuronales du néocortex. Cette voie est bien plus lente, mais plus nuancée, riche, flexible, faisant intervenir la mémoire, les valeurs, les croyances, la culture de la personne.
Une personne équilibrée fait coopérer la lente intelligence réfléchie de sa voie haute et les fulgurances intuitions de sa voie basse. Ex : au cinéma, la voie basse réagit comme si le film d’horreur était vrai, et la voie haute nous contrôle pour que nous restions assis sans nous sauver.
On a montré que les relations harmonieuses mettent tous les chronomètres neuronaux des protagonistes en phase, ce qui, outre un meilleur métabolisme, leur apporte un bien-être accru. L’altruisme serait un instinct. Comme nous ressentons la souffrance de l’autre, en le secourant, nous cherchons à nous soulager nous-mêmes. Dans notre cerveau, les neurones qui ressentent l’autre côtoient les neurones moteurs qui permettent d’agir. Or, notre altruisme est sans arrêt bloqué. D’abord nous sommes sans arrêt bombardés d’informations terribles par les media, sans capacité d’action réelle (que ne sont pas chèque ou signature de pétition), ensuite, nos grandes villes ne nous permettent pas de répondre au trop plein de contacts, enfin nos relations amicales ou familiales se passent le plus souvent par l’intermédiaire de machines qui n’autorisent pas le contact direct, physique, sensoriel. Les enfants jouent de moins en moins entre eux et sont de plus en plus violents… L’indifférence nous gagne tous. Devons-nous nous inquiéter de l’avenir ?
Un vieux cerveau est plus entrainé qu’un jeune, il connaît les raccourcis neuronaux et fonctionne à l’économie. A quoi servent les neurones miroirs ? A nous préparer à l’action, en renforçant les voies neuronales de notre cerveau moteur. Plus vous répétez l’activation d’une voie, même par simple imagination, plus cette voie se renforce et le geste auquel elle correspond va devenir facile, automatique. Ainsi, vous entrainez vos doigts à bouger pendant une semaine, au bout de 8 jours, vous les bougerez 50% plus vite. Si vous avez seulement visualisé l’action de bouger vos doigts, votre vitesse d’exécution s’améliorera de 20 à 30 %, tout cela grâce au système miroir. Avec la neuro imagerie, on constate que si un musicien en écoute un autre jouer, il se passe dans leurs cerveaux des choses absolument comparables. Par contre, dans le cerveau d’un non musicien, même s’il apprécie le concert, il ne se passe pas grand choses dans son cerveau. Ceci est vrai pour tous les arts, les expertises et les apprentissages. Notre esprit ressent le besoin impérieux d’achever une forme ou un geste à peine ébauché. Il est bâti pour systématiser, intégrer et rationaliser, parfois à outrance.
Il semblerait qu’on trouve des neurones miroirs un peu partout dans toutes les zones du cerveau. Ce terme de miroir a été choisi car le plus souvent, le mimétisme neuronal passe par la fonction visuelle. Mais cet effet miroir passe aussi par les autres fenêtres sensorielles, l’audition, l’odorat, le goût…
Cela dit, l’effet miroir ne commence vraiment qu’après la naissance puisqu’il passe surtout par le système visuel. Vous souriez, le bébé sourit, puis le système auditif intervient plus par le son que par les paroles, le bébé décrypte l’état émotionnel de la personne qui s’exprime. Le neurone miroir va lui permettre d’entrer en résonnance empathique, et d’imiter sans en comprendre toujours la finalité. Puis, vers 4/5 ans, il commence à mentir, et s’amuse à «faire comme si ». Il peut imaginer, manipuler autrui, mimer des sentiments qu’il ne ressent pas.
Si la fonction miroir constitue la base neuronale de l’empathie, comment se déclenche la haine ? Cette fonction miroir permet de reconnaître l’émotion chez les autres, et elle permet d’entrer en résonnance aimable, mais aussi de se défendre. Ce système de défense est quasiment câblé. En situation de danger, vous interprétez si vous devez fuir ou attaquer. La voie basse de notre cerveau (partie archaïque), ultrarapide reste approximative, notamment pour savoir si une personne est amie ou ennemie (expression du visage, yeux, sourcils, bouche, narines, voix, gestes…). La voie haute, plus lente, intègre des éléments mémorisés (le visage appartient à ma famille, ma tribu…ce qui peut faire dire que notre cerveau est « naturellement raciste ». Car nous sommes capables de reconnaître mille subtilités sur un visage de notre ethnie en quelques millièmes de seconde, et d’avoir une analyse grossière avec des ethnies différentes, si on ne les a pas fréquentées. Ainsi, un européen peut penser « tous les Chinois ont la même tête » ! Donc, on peut dire que l’ignorance est la mère de notre inhumanité ! Un bon endoctrinement politique, et vous câblez le fonctionnement cérébral des enfants dans un sens … Il est vital que nous fassions travailler notre cerveau pour qu’il s’adapte et intègre les différences à ses réseaux neuronaux.
Pourtant, ce système miroir nous pousse à faire le bien d’autrui, parce que nous y avons intérêt. Tout être vivant cherche à survivre, étendre son territoire et à se reproduire. Nous avons développé notre instinct de groupe car seuls nous aurions été impuissants. Nous avons intérêt à aider nos congénères, et quand autrui éprouve une souffrance, en nous résonnent les mêmes sensations désagréables. On recherche donc le bonheur d’autrui …pour notre propre satisfaction.
Mais, quand le corps social se dérègle, ce système tombe en panne. Pour ne pas souffrir de voir autrui souffrir, je le fais disparaître du champ public : camps, ghettos, asile, prisons… Pour bien fonctionner, le système miroir doit être encadré par des valeurs, une culture, des savoirs. Notre plasticité neuronale a donc vraiment un rôle social.
Nous perdons la moitié de nos neurones entre la naissance et 2 ans. Mais, ce qui importe n’est pas le nombre de neurones, mais le nombre de synapses. Les pistes synaptiques constituent notre mémoire, le but du cerveau étant d’économiser son énergie et ses efforts, donc de mémoriser des automatismes, pour parler, conduire, jouer de la musique..
Les mécanismes hormonaux et enzymatiques influencent la neuroplasticité, ou la bloquent chez les dépressifs et les stressés. Un cerveau déprimé ne donne pas les mêmes images qu’un cerveau tonique. Moins de 60 % des patients répondent à long terme aux antidépresseurs, et seulement 15% se trouvent guéris pour de bon. Il faut multiplier les études pour comprendre la dépression, atteinte cérébrale de plus en plus répandue. Pourquoi certaines personnes ne dépriment jamais, bien qu’ayant subi guerres ou traumatismes, et entraînent les autres à survivre, alors que d’autres, pour des riens, se mettent à broyer du noir et sont incapables de réagir. L’exercice physique assidu empêche la dépression par la sécrétion d’insuline, un des facteurs de développement des réseaux neuronaux. L’exercice physique retarde le vieillissement, et dans une moindre mesure l’alimentation... Mens sana in corpore sano !
La plasticité neuronale baisse avec l’âge, mais si un vieux cerveau est bien plus entraîné, il connaît des raccourcis neuronaux et fonctionne à merveille, voire mieux que chez un plus jeune. Il y a de grandes différences entre les cerveaux des femmes et celui des hommes. Dès les derniers mois in utero, se mettent en place des choix d’activation génétique hormono-sensible, avec des cascades de régulations différentes entre garçons et filles. Ainsi, les filles parlent plus tôt que les garçons et différemment : leur maturation métabolique est beaucoup plus forte, surtout vers 5-7 ans. Mais c’est l’inverse pour d’autres fonctions. La culture va influer sur ces données de base. Si un enfant ne peut utiliser son intelligence et ses facultés mentales (guerre, abandon…) ses réseaux synaptiques ne se développeront pas, et on pourra conclure qu’il est stupide. Le cerveau ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !
La théorie du désir mimétique de GIRARD nous dit que la pulsion motrice et créatrice de l’humanité est fondée sur une spirale compétitive : le désir du même. Cette spirale serait mortelle pour le genre humain, si elle n’était canalisée par les rituels religieux. Dans le bac à sable, 2 enfants se battent comme des fous pour un vieux seau rouge. Ils en ont d’autres, mais ils veulent le même ! Il faut les séparer hurlant de rage ! Nous désirons ce que nous désigne le désir d’autrui. Le désir mimétique humain entraînerait tout dans sa violence, si celle-ci n’était focalisée, régulièrement sur un bouc émissaire qui prend sur lui la rage collective de ce désir, avant de disparaître. Les mots « sacré » et « sacrifice » ont la même racine.
La découverte des neurones miroirs suscite un enthousiasme énorme dans toutes les disciplines de la neuroscience à la psychiatrie ou la philosophie. Le PET-scan enregistre dans votre cerveau que, si vous me voyez remplir un verre d’eau et le boire, les mêmes zones s’allumeront que dans le mien. Alors que si un bras de levier mécanique fait le même geste, votre cerveau n’aurait pas bougé. Votre cerveau agit en miroir parce que je suis un être humain et vous aussi ! Cela explique aussi l’empathie. Cette disposition du cerveau à imiter ce qu’il voit faire -quand l’action l’intéresse- explique l’apprentissage, mais aussi la rivalité. GIRARD et OUGHOURLIAN élargissent le champ du désir mimétique, qui expliquerait l’envoutement, l’hystérie, l’hypnose… L’hypnotiseur, en substituant par la suggestion son désir au désir de l’autre, fait disparaître le moi, qui va s’évanouir littéralement. Et surgit un nouveau désir, un nouveau moi, qui est celui de l’hypnotiseur ! Si l’hypnotiseur dit « il fait chaud » bien qu’il fasse frais, le sujet prend ces sensations au pied de la lettre : il a chaud et se déshabille. Le désir de l’autre entraîne le déclenchement de mon désir, et entraîne aussi la formation du moi.
Il est impossible de séparer un problème psychologique ou psychopathologique de la culture où il prend racine. Le complexe d’Œdipe n’a aucun sens en Afrique, par exemple, ou dans des sociétés matriarcales, où c’est l’oncle qui est le père et où tout le groupe social intervient pour régler les conflits.
Le désir mimétique semble être ce qui permet de construire le psychisme humain : Stade 1 : l’imitation du modèle. L’apprentissage avance au stade 2 : le désir se forme en moi de prendre la place du modèle et celui-ci refuse ; celui-ci va devenir un rival dans mon esprit. Ceci peut aller jusqu’à entraîner des nations dans la guerre (rivalité mimétique entre Napoléon III et Bismarck, entre Staline et Hitler..). Plus banalement, je peux le voir comme un obstacle insurmontable. Sous l’Ancien Régime, aucun manant n’aurait eu l’idée de revendiquer les droits d’un noble : ceux-ci n’étaient pas des modèles, mais des gens différents. Mais aujourd’hui, les privilégiés sont des modèles, donc des rivaux , des obstacles, entrainant un ressentiment général (avec amertume, aigreur et haine) , danger pour la démocratie.
Après le cerveau cognitif et le cerveau émotionnel, nous aurions donc aussi un cerveau mimétique. Nos neurones miroirs détermineraient toutes nos relations interdividuelles (et non interindividuelles). Si nous désamorçons la spirale violente qui transforme le modèle en rival ou obstacle, je pacifie mes rapports humains. Cela va susciter des émotions et sentiments positifs, bonne humeur, estime, amour. Mais si le rapport mimétique, donc entre 2 individus tourne à la rivalité, tout l’appareil cognitif et intellectuel va se mobiliser pour renforcer ma rivalité et donc mon agressivité. Cette hypothèse reprend les 3 états décrits par Henri LABORIT : l’agression, la fuite ou l’inhibition et remet en question toute la psychopathologie. Ainsi, on ne cherchera plus à réduire les symptômes de la maladie mentale au niveau cognitif par la rationalité, au niveau émotionnel par la psychothérapie, mais en trouvant un moyen d’agir au niveau mimétique. La sagesse consiste à apprendre à désirer ce que l’on a.
3 - Notre cerveau est émotionnel et autonome
Sentir, penser, agir… Tout cela ne consomme que 1 % de notre énergie cérébrale, c’est la partie consciente. Le reste est utilisé par le nonconscient.
Un neurone ne devient opérationnel que si des dendrites se mettent à pousser, le reliant par des synapses à d’autres neurones. Les 6 moteurs de croissance dendritique les plus importants sont : le désir, l’affection, l’interrogation, la réflexion, l’action, l’effort volontaire. Ce qui détruit les neurones , Là aussi, dans le désordre : le vieillissement, le stress, la pollution, certaines maladies, et surtout la passivité. Apprendre, aimer, agir méditer rend vigoureux nos neurones et nos synapses.
Surtout que l’on sait maintenant que notre cerveau ne comporte pas de régions spécialisées dans le calcul, la sémantique ou le traitement des informations visuelles : tout fonctionne en réseau ! Et ces réseaux échangent en permanence des informations, même quand on pense ne rien faire. Ces réseaux sont à la fois stables (sinon on ne saurait plus qui on est en se réveillant) et mouvants (se rappeler un souvenir, c’est aussitôt en modifier le réseau).
Notre cerveau fonctionne toujours à flux tendu, est toujours à 100% de ses capacités, nuit et jour. Mais seulement 1 % de cette activité est cognitive, c'est-à-dire accessible à la conscience, ce qui nous sert à penser, parler, inventer, décider ou bouger. Les 99 % constituent « le fonctionnement cortical par défaut ».
Les 3 principaux créateurs de réseaux neuronaux sont l’imitation, l’émotion et la répétition. Ces 3 facteurs constituent la trame de notre vie affective et relationnelle, car notre cerveau est éminemment social. Le bonheur s’engramme, l’avantage des émotions, c’est qu’on peut apprendre à les canaliser, les apprivoiser nous dit Christophe ANDRE. Les émotions se trouvent au centre de la plasticité neuronale.
Les psychiatres français ne tiennent pas en grande estime leurs homologues américains. Mais l’efficacité pragmatique des comportementalistes plaît aux patients. Ainsi commencer à apprendre à ce patient anxieux à respirer d’une certaine façon, à marcher 30 mn par jour, à élargir son champ de conscience est plus efficace rapidement que de parler en détails de sa souffrance. L’approche neurocognitiviste permet de procurer aux patients le coup de pouce qui va leur permettre de réamorcer leurs capacités d’autorééquilibrage et d’autoréparation. Les 2 grandes forces de cette approche sont le pragmatisme et son humilité. La base de tout changement psychique et émotionnel durable et autoproduit c’est la neuroplasticité : la survenue de modifications fonctionnelles des voies neuronales. Et la base de la neuroplasticité, c’est la notion d’expériences et d’exercices inlassablement répétées : m’entraînement de l’esprit, comme dit Matthieu RICHARD. C’est vrai pour la thérapie, mais aussi pour la prévention. Ainsi, la psychologie positive nous incite à savourer pleinement les bons moments, cela les mémorise plus puissamment, et aide à augmenter nos capacités ressources positives, à nous donner un influx de vitalité positive quand le conteste devient plus difficile. Martin SELIGMAN a mis en lumière l’impuissance acquise. En plongeant des animaux en situation d’impuissance (chocs électriques répétés), ceux-ci se retrouvaient en dépression durable, craintifs et avec une vision du monde définitivement négative. Or, en habituant des animaux à se sentir bien et en sécurité, en présence de stimuli sonores ou lumineux, on engramme dans leur cerveau un sentiment de confiance, et par la suite, en situation difficile, un seul déclic (le stimulus en question) va faire resurgir le souvenir du bien-être et ainsi leur donner une énergie redoublée pour se sortir d’embarras. Ce qu’on appelle l’ancrage. L’imagerie scientifique a démontré ce processus, qui se produit au niveau de l’hippocampe, ou dans les synapses de telle ou telle structure corticale. En psychologie, utiliser ces outils, très efficaces et gratuits, nécessite juste un entraînement régulier.
Il y a un grand retour des émotions dans le champ de la psychologie positive scientifique. Nos réseaux neuronaux sont génétiquement bâtis pour nous faire ressentie la peur, la colère, la joie et la tristesse. Ces dispositions sont ensuite modulées par les différences individuelles, familiales, sociales, culturelles etc… Généralement, nous avons grand mal à réguler nos flux émotionnels, nous basculons en « pilote automatique » dès qu’ils deviennent trop intenses, et nous ne contrôlons plus rien. Ces émotions sont aussi naturelles que notre respiration, mais nos expériences passées ont partiellement distordu notre façon de les ressentir et les vivre.
Parlons de l’apprentissage de la pleine conscience avec l’exemple de l’entraînement attentionnel pour la phobie du rougissement dans le service psychiatrique de PELISSOLO à La Salpêtrière : la personne rougissant se focalise à 100% sur 2 questions « est-ce que je rougis ou non ? » et « est-ce que les autres ont vu que je suis si mal à l’aise que je deviens plus rouge qu’une tomate ? ». Plus on focalise sur cela, plus on rougit : c’est un cercle vicieux ! PELISSOLO place son patient face à un public qui la regarde en silence ; il demande au patient, qui devient vite écarlate, d’élargir son focus attentionnel. Il lui dit, « vous êtes rouge, c’est désagréable, c’est comme cela. Prenez conscience des petits bruits, comment vous respirez, la lumière et la décoration de cette pièce, les vêtements et les gestes des gens… Tout cela sans fuir les émotions désagréables ressenties, mais en invitant d’autres éléments à votre conscience ». Ainsi, le flot émotionnel est toujours là, mais peu à peu il va s’écouler de manière différente. En pratiquant régulièrement, la personne va réussir à guérir de façon rapide et spectaculaire.
Refaire régulièrement cette expérience est une forme de méditation qui va petit à petit modifier la manière dont les émotions vont s’écouler en nous, et ce même si nous ne souffrons d’aucune pathologie particulière. C’est un formidable outil contre la rumination.
Avec la méditation en pleine conscience, si quelque chose me fait souffrir, plus je réussis à l’accueillir dans un état de conscience élargie, plus cette souffrance diminue. Plus je me focalise sur elle, plus elle devient importante. Une fois de plus, nous retombons sur la notion de neuroplasticité, car cela s’apprend grâce à une pratique régulière, qui va impliquer le corps en entier, mais aussi va restructurer progressivement les voies neuronales. Le plus dur : décider de s’y mettre !
Répondre à la question « qu’est-ce que la conscience , » reste toujours impossible. La majorité des scientifiques contemporains estime que c’est le cerveau qui « produit » la conscience. D’autres se demandent si la conscience ne serait pas un état de la !matière universelle, au même titre que l’espace-temps, la masse ou l’énergie. Autrement dit, la conscience serait-elle « quelque chose » qui existerait indépendamment de la condition humaine et à quoi celle-ci ne ferait qu’accéder ou se connecter ? Cultivons envers toute idée nouvelle ou dérangeante un scepticisme bienveillant : prudence et curiosité. Et comme dit DAMASIO, « ce n’est pas parce que vous savez que le parfum d’une rose dépend de telles molécules que vous cessez d’être ému par son parfum ».
La psychologie contemporaine s’intéresse aux grandes émotions, franches et entières, et se préoccupe peu des états d’âme. Les grandes émotions nous possèdent totalement, mais ne durent pas. Des état d’âme, eux, émotions plus subtiles, sont tenaces et influentes et peuvent durer des jours, des semaines ! Christophe ANDRE considère qu’elles sont incroyablement importantes, et que l’essentiel de notre vie intime est fait d’un tissage d’états d’âme.
Nous devons rester vigilants face à la recrudescence des pollutions psychiques, comme par exemple de la publicité qui est un détournement de notre attention. Comme nous sommes de plus en plus stressés, pressurisés dans un monde hyper sollicitant, un réflexe d’équilibrage nous fait ressentir le besoin de ne rien faire, de nous arrêter, en silence…une sorte de détox de nos cerveaux trop sollicités. Un autre danger est celui du développement des égoïsmes et du narcissisme depuis ces 20 dernière années. Au lieu de ne pousser les patients à ne s’intéresser qu’à eux, nous devons réintroduire plus d’empathie et de bienveillance envers autrui. Nos société individualistes et matérialistes ont tendance à étouffer nos capacités naturelles à l’altruisme. Cultivons les ressources du lien social.
4 - Notre cerveau reste une énigme
De quoi sont faits nos rêves ? Les neurologues croient aujourd’hui que, pendant le sommeil paradoxal, le cerveau, libéré du contrôle conscient exercé par les lobes frontaux du néocortex, remodèle les réseaux neuronaux. A quoi ressemble ce remodelage ? Mystère ! Tout ce à quoi vous avez accès, c’est la traduction qu’en a faite votre moi conscient à la dernière seconde, juste au moment éclair du réveil, à la sortie de votre rêve.
Jean-Pol TASSIN, neurobiologiste est spécialiste des addictions. Les substances (cocaïne, morphine, cannabis, héroïne, amphétamines, alcool, tabac) envoient dans nos neurones, via le système sanguin, des molécules qui s’immiscent dans le fonctionnement des synapses. Ces nano-espaces entre les cellules nerveuses abritent les allers-retours ultrasophistiqués de la bonne centaine de neuromédiateurs existants (adrénaline, sérotonine, acétylcholine, dopamine..) qui modèlent nos états intérieurs, pulsion, émotions, décisions, inhibitions, sentiments et états d’âme. L’effet de ces drogues est toujours le même : libérer de la dopamine, qui vient stimuler artificiellement le « circuit de la récompense » dans le cerveau, ce qui nous procure la sensation de plaisir.
TASSIN considère 2 réseaux neuronaux : celui de base, soit 99 % des neurones, qui traite toutes les opérations de la vie (sens, motricité, décisions, volonté, mémorisation… Le second compte moins de 1 % des neurones, superposé au premier, dans un rôle de modulateur, rôle capital ! En effet, selon les circonstances, ce réseau modulateur peut décider d’affecter telle tâche corticale au cerveau cognitif lent (on en aura donc conscience, on pourra en parler, le mémoriser…) ou bien la tâche sera confiée à des instances inconscientes, en analogie rapide. Par exemple, on peut respirer sans y penser, en analogie rapide ; on peut aussi le faire de façon volontaire ce qui entre alors dans le champ de notre cerveau cognitif lent.
Les neurones modulateurs qui décident du traitement des opérations corticales par l’une ou l’autre voie, se divisent en 3 grands groupes, dominés respectivement par 3 neuromédiateurs : la noradrénaline, la sérotonine qui agissent en premier, puis la dopamine. Les neurones dopaminergiques n’ont donc aucune autonomie, et interviennent à la fin, juste avant que l’opération psychique ne soit dispatchée. Depuis 35 ans, on attribue donc à la dopamine un rôle clef fort exagéré. Si la dopamine remplit certes des fonctions formidables dans le système nerveux central (contrôle des mouvements, et par sa disparition dans la maladie de Parkinson tremblements..) mais ces fonctions ne sont pas toujours celles qu’on croyait, car les problèmes d’une chaîne de transmission ne viennent pas forcément du dernier maillon.
Lorsque nous nous endormons, le système modulateur de nos neurones noradrénalinergiques et sérotoninergiques cesse de fonctionner (sinon, c’est l’insomnie garantie) et le cerveau cognitif lent est lis hors circuit ; toutes les informations sont traitées de façon analogique rapide. C’est le sommeil paradoxal. TASSIN affirme que ce n’est pas le temps du rêve, car celui-ci ne surviendrait qu’au moment du réveil. On se réveille car nos neurones modulateurs se sont mis à fonctionner, même une fraction de seconde. Notre cerveau cognitif lent se réveille, même brièvement, et en une fraction de seconde, fabrique une histoire… (une image par 5 centièmes de seconde). Notre sommeil est constellé de miro-réveils neuronaux de survie. Bref, c’est toujours l’énigme …. Si le scénario de nos rêves s’écrit à la seconde où nous nous réveillons, que se passe t il pendant le sommeil paradoxal ?
Le chirurgien puis psychothérapeuthe Thierry JANSSEN propose une synthèse entre les acquis de la science, et les intuitions de la philosophie et de la spiritualité concernant le corps, les émotions et les pensées. L’apprentissage n’est donc possible que grâce à la plasticité neuronale. Nos connexions dendritiques ne cessent de fabriquer de nouvelles synapses et d’en dissoudre d’autres. Quand on apprend qq chose de neuf, certains circuits se créent, d’autres non réactivés dépérissent. Toutefois, certaines voies neuronales installées ne s’effacent plus : quand on a appris à monter à vélo, c’est pour la vie. Quand on observe les cerveaux de personnes ordinaires et de moines ou grands méditants devant des situations à fort contenu émotionnel négatif, tout le système neuro-immuno-endocrinien des personnes ordinaires se trouve ébranlé avec une forte réaction de stress, suite à une forte activation de leur neocortex droit. Cette réaction est faible chez les nonnes par exemple. Ensuite, les 2 groupes étudiés rassemblaient des méditants de plus de 10.000 h et de plus de 40.000 h, histoire de ne pas supposer un biais génétique (ceux qui ont choisi la voie de la prière ou de la méditation étaient peut-être prédisposés à cette vie). La seconde catégorie était peu stressée par les situations fortement négatives, et retrouvaient plus vite un état d’émotions agréables, avec un néocortex gauche fortement activé, et une meilleure défense immunitaire. Nous pouvons donc inverser les effets dévastateurs d’un contexte émotionnellement négatif par la méditation.
Cette pratique est difficile, et consiste à apprendre à rester dans l’état présent, témoins de ce que nous sommes en train de penser et de ressentir. Bref à laisser au repos notre cortex préfrontal droit et à stimuler notre cortex préfrontal gauche. C’est la base des thérapies comportementales cognitives (dont la PNL) ; il s’agit de prendre conscience de nos croyances et réflexes conditionnés pour les déprogrammer et les « réinformer ». Sweetness is not weakness : apprendre à calmer son impatience, son irritabilité et son anxiété.
De nos jours il existe un débat stérile entre les 3 grandes voies de la psychologie : la psychanalyse, le comportementalisme et la psychologie humaniste , au lieu de les considérer comme complémentaires.
D’autre part, s’il s’avère que la théorie sur la mémoire de l’eau du Dr Jacques BENVENISTE est juste, cela sera une remise fondamentale de nos connaissances, car on entre là dans les domaines du vibratoire et de l’informationnel. Et nous y sommes déjà concrètement avec nos smartphones et ordinateurs branchés sur du WIFI ; notre propre organisme pourrait fonctionner comme cela aussi.
Les technologies d’observation et d’imageries restent prisonnières de 2 choses : la pensée qui les a créées, et la façon dont on va les interpréter et les utiliser.
Mon conseil pour rester dynamique et jeune jusqu’à un âge avancé : la curiosité ! Cultivons aussi le doute, l’incertitude, l’interrogation. Trop de certitudes rigidifient nos voies neuronales. Avec nos résonnances en miroir, se ré-émerveiller au contact de nos petits-enfants, retrouver une spontanéité et une fluidité oubliées, prendre du recul. Etre fluide et souple mentalement mais aussi physiquement (tai-chi, danse..)